Attentats : comment en parler aux enfants ?

Que ce soit les images passant en boucle à la télévision, les gros titres des journaux ou encore les discussions avec les camarades, les enfants sont directement exposés aux images traumatisantes des attentats. Mais comment trouver les mots pour leur parler de tels événements ? Un pédopsychiatre nous éclaire.

Ces drames sont relayés en boucle à la télé, choquant petits et grands. Dans ces moments, la tristesse et le deuil sont deux sentiments que peuvent éprouver les enfants, tout comme les adultes, même si en premier lieu c’est l’émotion qui prédomine.

Une question se pose alors : comment parler de tels événements avec les plus jeunes ? Tout d’abord, il est essentiel de prendre du recul avant d’en parler aux petits. Et pour cause, après de tels événements, les adultes peuvent eux-mêmes être envahis par un sentiment de stress. Il vaut mieux en parler entre adultes avant de s’adresser aux enfants. Comme l’indique le pédopsychiatre Stéphane Barbas, “il ne s’agit pas de cacher ce que l’on ressent. La peur existe, elle est normale. Le tout est d’en parler avec raison. C’est pourquoi, lorsque les angoisses ou les émotions des adultes sont trop fortes pour parler à l’enfant, ce qui peut être compréhensible dans un premier temps, les parents peuvent toujours penser à un tiers et le cas échéant à un psychologue même pour une aide transitoire“.

Les parents ont par ailleurs l’habitude de parler entre eux, sans prendre garde aux enfants qui les entourent. Or, il est essentiel de faire attention à ces jeunes auditeurs passifs. Lorsqu’on s’adresse à eux, on fait attention aux mots qu’on emploie, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on discute entre adultes.

Adapter son discours en fonction de l’âge

La première chose à prendre en compte est bien sûr l’âge de l’enfant. “Pour les plus petits, il est important de dire les choses le plus simplement possible, ne pas être débordé par l’émotionnel“, explique le pédopsychiatre. “Bien évidemment, on ne peut pas en être totalement détaché, mais il est important d’en parler le plus sereinement, sans rentrer dans les détails violents. Il faut aussi nommer les émotions et aider les enfants à faire le tri dans ce flot d’informations. Leur donner des repères”. En effet, si le mot “guerre” est aujourd’hui utilisé pour expliquer la situation de la France, il est important d’expliciter les choses. Et pour cause, l’enfant n’a pas la même perception du temps, de la distance et de l’espace que les adultes. “Pour lui, son environnement, c’est sa maison. Il est donc important de le rassurer en lui disant que cette menace ne le concerne pas. On pourra alors lui dire que la France est en guerre à l’extérieur, avec d’autres pays“.

Le plus compliqué est certainement de répondre aux questions les plus banales comme “pourquoi ont-ils fait cela ?“. “Si les plus petits ont une perception beaucoup plus manichéenne des gentils et des méchants, c’est l’occasion d’expliquer aux plus grands des choses, le fait que des gens agissent de manière criminelle pour une cause. Bien évidemment, il est difficile de répondre parfaitement à cette question et de trouver les bons mots. Il faut donc rester le plus simple possible“, indique le pédopsychiatre.

Si le docteur Barbas conseille aux parents d’éloigner les plus petits des discours politiques envahissants, ils peuvent tout de même évoquer la notion de justice, très importante pour les petits. “Mais attention, justice ne signifie pas vengeance“, souligne le spécialiste. “On pourra leur dire que les coupables seront jugés, mais que cela ne signifie pas forcément d’aller se venger“.

Etre à l’écoute de leur ressenti

Les enfants plus grands, vers 7-8 ans et plus, ont bien souvent leurs questions “auxquelles il faut être attentif“, souligne le Docteur Barbas. En effet, ces questionnements peuvent faire écho à certaines inquiétudes, être des résonances spécifiques propres à l’enfant. Cela peut réveiller certaines peurs. “Il est donc essentiel de le rassurer, d’être plus présent, notamment au moment du coucher, sans trop en faire, au risque qu’il craigne d’être réellement en insécurité“, explique Stéphane Barbas.

Après un épisode aussi traumatisant relaté à la télé, les enfants peuvent aussi faire des cauchemars. “Ce sont bien sûr des signes de leurs angoisses, mais ce sont aussi des tentatives pour les élaborer et les canaliser comme tout rêve. En soi, ce n’est pas négatif. L’enfant doit trouver face à l’angoisse sa propre réponse que ce soit dans son monde interne comme dans sa représentation du monde (les gentils contre les méchants, la tolérance …), où l’adulte est surtout un guide“, explique le spécialiste.

Source : https://www.doctissimo.fr/famille/education/regles-de-vie/parler-aux-enfants-des-attentats

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