Se souvenir de la Mort

La mort redoutée, la mort désirée

La mort, pour beaucoup, est la fin exécrée, l’arrêt des plaisirs, le regret éternel. Tous voudraient vivre éternellement dans l’oisiveté et l’insouciance, repoussant sans arrêt l’inéluctable. La vie est sacralisée, elle est la seule réalité digne d’être appréciée, la mort tellement détestée : « Et ils disent : “Quand nous serons perdus dans la terre [sous forme de poussière], redeviendrons-nous une création nouvelle ?” » [1]. Même ceux qui n’apprécient pas la vie au point de vouloir mettre fin à leurs jours, ne font cela que dans le but d’arrêter leurs souffrances, par désespoir, tombant dans la ruse du malin qui se délecte d’égarer les âmes sur terre comme dans le ciel. Des décennies, des siècles de propagande ont opéré leurs méfaits : cachez cette mort que l’on ne saurait voir et laissez-nous profiter de la vie !

Tandis que celui qui espère en Dieu et au jour dernier, même si la mort reste pour lui une figure terrifiante, surtout à l’aube de son cheminement spirituel, ne perçoit la mort que comme un passage vers son créateur. Et plus il avance dans son cheminement, plus cette mort devient pour lui un rendez-vous attendu et désiré, le seul voile entre lui et son créateur. La vie d’ici-bas passe alors pour lui au second plan, ne servant que de tremplin vers l’Être désiré, par le biais de plus d’actions méritoires et d’adorations. Le fidèle se détache de ses désirs terrestres pour alimenter son âme de lumière, afin de mériter la plus grande proximité avec Dieu.

Aimer rencontrer Dieu

Le croyant, passager sur terre et conscient de l’être, connaît tous les bienfaits dont l’a doté Dieu, la vie, la santé, la foi… Et est reconnaissant pour les faveurs qu’Il réserve aux pieux dans la vie dernière : la miséricorde, le paradis et l’agrément… Et pour tout cela il aime rencontrer le Clément, le Miséricordieux, impatient de Le rejoindre et trouver dans Sa proximité la félicité absolue. Il nous est rapporté la parole du prophète (paix et salut de Dieu sur lui) : « Celui qui désire la rencontre de Dieu, Dieu aimera sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre de Dieu, Dieu détestera sa rencontre ». [2].

Selon Abou Hourayra (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) a dit : Dieu (exalté soit-Il) a dit : « J’ai préparé pour Mes serviteurs vertueux ce que nul œil n’a vu, nulle oreille n’a entendu et ce que nul esprit n’a imaginé. » Lisez donc, si vous le voulez : “Nul ne peut soupçonner les multiples joies dont seront récompensées les œuvres de ces hommes !” [3], [4]. Le croyant se sent étriqué dans un corps trop étroit et dans une vie où il se sent éloigné de son bien-aimé, la mort lui semble si douce face à cette attente et il n’aspire qu’au moment où il se trouvera face à son Seigneur, Celui que son être entier désire rejoindre.

 Accompagner les défunts

Hassan Al Basri (que Dieu lui fasse miséricorde) avait creusé une tombe dans une chambre de sa maison dans laquelle il s’allongeait chaque jour en disant : « Ô Seigneur ! Fais-moi revenir afin que je fasse du bien dans ce que je négligeais ». Il se levait ensuite de la tombe en louant Dieu qui l’avait fait revenir à la vie, pour multiplier les bonnes actions. Nous voyons par l’agissement de cet homme pieux, à quel point il est important pour le musulman de se rappeler la mort. L’insouciance d’une vie mondaine peut vite éloigner de notre champ de vision cette étape essentielle de notre existence. Il nous est recommandé de garder ce fait en tête comme le rappelait si bien la parole de Abdallah Ibn Amr Ibn Al-Ass, (que Dieu soit satisfait d’eux) : « Vis pour ce bas monde comme si tu devais y vivre éternellement et vis pour l’au-delà comme si tu devais mourir demain. ».

Parmi les moyens de se rappeler le passage dans l’au-delà il y a le lavage mortuaire, la prière sur les défunts, la visite des cimetières… Ces actes font non seulement partie des recommandations prophétiques, mais nous permettent de nous rappeler que nous ne sommes pas éternels. La vie de l’humain est courte, et son éternité dépendra de son comportement durant ce laps de temps, qui ne représente qu’un bref instant à l’échelle du vécu de chaque âme. Il est impératif que chaque croyant participe aux rituels islamiques qui s’appliquent aux morts, afin d’être touché par ce qu’il voit et ressent, le prophète (paix et salut de Dieu sur lui) a fait plusieurs recommandations dans ce sens : « Rendez visite aux malades et suivez les convois funèbres. Cela vous rappelle la vie future. » [5].

Seuls les êtres insouciants et éloignés de Dieu donnent peu d’importance à la mort, qui les surprend soudain leur laissant d’amers regrets pour l’éternité…

[1] Coran, sourate 32, verset 10

[2] Bukhari

[3] Coran 32.17

[4] Bukhari et Muslim

[5] Muslim

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