La jalousie, que dit l’Islam ?

Si l’on devait définir la jalousie on pourrait dire qu’il s’agit d’un sentiment éprouvé envers autrui par rapport à une chose qu’il possède et que l’on n’a pas. L’appréhension de ce sentiment incoercible diffère d’un individu à l’autre. Et malheureusement reste très répandu dans les sociétés. Le Prophète, paix et salut sur lui, mettait souvent en garde contre ce fléau en le considérant comme étant l’une des deux maladies les plus néfastes qui ravagent les sociétés. A ce sujet il dit : « Vous avez été éprouvés par les maladies des gens d’avant vous à savoir la jalousie et la haine, c’est le rasoir non pas celui qui rase les poils mais plutôt celui qui rase la foi » (1)

On remarque, en règle générale, que la jalousie est perçue comme un sentiment néfaste envers autrui accompagné forcément d’hostilité et de dépit. Pourtant ce n’est pas toujours le cas. En effet, nous verrons qu’elle peut parfois se révéler extrêmement positive pour le développement de l’individu en éveillant en lui le désir d’égaler voire de surpasser l’autre, ce qui est loin d’être négatif car comme le dit Dieu, exalté soit Son nom : « Concourez vers le bien » (2)

L’étude des textes religieux démontre l’existence de trois types de jalousie que l’on répertoriera et nommera ainsi : la jalousie productive, la jalousie obsessionnelle ou maladive et enfin l’envie.

La jalousie productive

En réalité, l’islam ne blâme pas celui qui ressent de la jalousie mais plutôt l’acte qu’il commet en retour. Effectivement, le sentiment de jalousie est naturel ce qui importe c’est la manière dont il va se traduire. Autrement dit, si le fait de jalouser quelqu’un de plus pieux que nous conduit à vouloir l’égaler ou le surpasser sans pour autant éprouver du mépris envers cette personne dans ce cas il n’y a aucun mal. Cela peut même s’avérer fortement bénéfique et jouer un rôle moteur, on parlera alors de « bonne jalousie ». On peut citer l’exemple du hadith dans lequel le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « Il n’y a de jalousie positive que vis-à-vis de deux personnes ; un homme à qui Dieu a donné le coran, il le pratique à longueur de journées et de nuits et celui à qui Dieu a donné la richesse, il la dépense dans le bien à longueur de journées et de nuits » (3)

En somme l’effet de la jalousie sur la personne se révèle ici fructueux puisqu’il stimule une concurrence louable et loyale.

La jalousie obsessionnelle

Par extension, dans le cadre d’une relation amoureuse, il peut être question d’un autre type de jalousie dite obsessionnelle ou maladive. Lorsque le jaloux estime qu’une deuxième personne se comporte pour un tiers, un groupe ou une chose d’une façon qui devrait lui être réservée parfois même exclusivement. A tel point qu’il en conçoit du ressentiment et des reproches contre les autres. Cette jalousie fréquente dans les relations amoureuses, au sein du couple s’avère dévastatrice. En effet, on rencontre des cas insensés où certains hommes jalousent toutes personnes qui prétendent entretenir une relation avec leur femme ou inversement des femmes pleines de mépris à l’égard de celles qui fréquentent leur mari malgré la nature strictement platonique de leurs rapports. Cette jalousie extrêmement pernicieuse sème la discorde dans les couples et aboutit souvent à la séparation.

Rappelons qu’à l’époque du Prophète, paix et salut sur lui, une femme a demandé le divorce simplement parce qu’elle trouvait insupportable les dérives de son mari sous le joug de sa jalousie démesurée. Considérant sa demande légitime, le Prophète, paix et salut sur lui, accepta le divorce. Vaut mieux donc se garder d’aborder la vie en couple sous cet angle et surtout arrêter de se défendre en justifiant nos actes par le fait d’être trop épris de son partenaire. Ceci ne ressemble ni de près ni de loin à de l’amour.

La plus grande preuve d’amour se témoigne par le respect de la personne en tant qu’entité à part entière et non comme un objet nous appartenant. D’autant plus que celui ou celle qui sait qu’il possède la confiance de son partenaire se sent certainement plus sûr de soi et plus serein.

L’envie

Un troisième type de jalousie (tout aussi délétère que la jalousie maladive) revient à ne pas admettre qu’une personne puisse posséder ce dont on est soi-même privé jusqu’à souhaiter la perte ou le déclin de ses biens injustement. Dans ce cas, le jaloux se pose en victime comme s’il avait été lésé estimant être plus digne de recevoir. C’est ce genre de jalousie qui a conduit Satan à commettre le premier péché de désobéissance envers notre Seigneur comme le dit le prophète, paix et salut sur lui : « Méfiez-vous de la jalousie, car la jalousie est le premier péché qui a conduit à la désobéissance à Dieu dans le ciel et sur la terre. Dans le ciel, lorsque Iblis a renoncé à se prosterner devant Adam, s’adressant à Dieu : Tu m’as créé de feu et lui, Tu l’as créé de limon ». (4) En outre, ce même sentiment de jalousie dicta à Caïn, le fils d’Adam, paix sur lui, de tuer son frère Abel : « Mais l’âme de l’autre l’incita à tuer son frère; alors il le tua et fut dès lors du nombre des perdants. » (5).

En définitive, lorsque l’avancement de l’autre, matériel ou spirituel, suscite l’agacement voire l’intolérance alors l’équilibre est rompu. Il devient urgent d’agir avant de commettre l’irréparable.

Combattre la jalousie

«O fils d’Adam ! Pourquoi envies-tu ton frère? Les bienfaits que Dieu lui a accordés sont les signes de Sa générosité; pourquoi envies-tu celui que Dieu le Très-Haut a honoré ? Si son état était autrement tu n’envierais pas celui qui serait destiné au feu ! »

Cette parole de l’imam Al Hassan Al Basri renferme sans doute l’une des clés qui permet d’échapper aux pièges de la jalousie en suggérant de prendre le problème à contre-pied. Autrement dit, en se rappelant de l’identité de celui qui distribue les bienfaits aussi bien matériels que spirituels : « Ne convoitez pas les biens par lesquels Dieu vous a élevés les uns au-dessus des autres. Et demandez à Dieu de Ses bienfaits.» (6).

Il apparait clairement que Dieu est le seul détenteur et qu’Il fait ce qu’Il veut. Il donne et retire à qui Il veut et quand Il veut. Par conséquent envier s’assimile à douter en quelques sortes de l’impartialité du Tout Puissant en remettant en cause Sa volonté. Autrement dit, les bienfaits des autres ne doivent pas être ressentis comme un affront à notre égard mais comme le vœu du Tout Puissant. Lui seul sait ce qu’Il fait et pourquoi Il le fait.

Il est aussi important de prendre conscience de la gravité de ce sentiment car comme nous l’enseigne le Prophète, paix et salut sur lui : « Gardez-vous de la jalousie, car elle consume les bonnes œuvres, comme le feu consume le bois » (7). Et de chercher refuge auprès de Dieu contre cette maladie : « Et préserve-moi contre l’envieux lorsque son envie se manifeste ». Sachez que lorsque notre bien aimé Prophète, paix et salut sur lui, se sentait envié, l’archange Gabriel venait à lui et le guérissait par cette invocation : « Au nom de Dieu, Il te protège, et de toute maladie Il te guérit, et contre le mal de l’envieux lorsqu’il envie et contre les méfaits du regard jaloux » (8). Et dans un autre hadith il est rapporté : « Ne se rencontreront jamais dans la poitrine d’un homme la foi et la jalousie » (9).

Aussi, pour éviter de ressentir une quelconque envie, suivons ce conseil du Prophète, paix et salut sur lui, où il dit : « Regardez ceux qui sont dans une situation moins bonne que la vôtre et non pas ceux qui sont dans une situation meilleure, vous éviterez ainsi de mépriser les bienfaits que Dieu vous a octroyés ». (10)

Enfin pour conclure nous vous invitons à méditer sur cette parole divine : « Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux.» (11)

Eduquons nos cœurs à ne pas s’attarder sur les bonnes grâces d’ici-bas : des jouissances éphémères, qui ne franchiront pas le seuil de la vie dernière. En revanche consacrons-nous à anoblir nos caractères et nos actes afin qu’ils intercèdent en notre faveur le jour où il n’y aura plus de grades, plus de liens de parenté. Le jour où l’on pourra lire dans les cœurs comme on lit dans un livre ouvert.

(1)   Rapporté par l’Imam Ahmad

(2)   Coran : S-2, V.148

(3)   Rapporté par Boukhari

(4)   Coran : S. 7, V.12

(5)   Coran : S. 5, V.30

(6)   Coran S.4, V. 32

(7)   Rapporté par Abou Dawûd

(8)   Rapporté par Muslim

(9)   Rapporté par Nassai

(10)  Rapporté par Muslim

(11)  Coran : S.49-V.13

Première parution du texte sur le site inshallah

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