A la source de la vie, l’épreuve : l’exemple de Hajar

L’épreuve fait partie de la vie. Tout être humain y est confronté à un moment ou un autre. Comme le Coran nous le rappelle : « Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n’avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Malheur et calamités les avaient touchés ; et ils furent secoués jusqu’à ce que le Messager et les croyants avec lui, se fussent écriés : « quand viendra le secours de Dieu ? » Le secours de Dieu n’est-il pas proche »(1).

La louange est à Dieu, qui par Sa Miséricorde et Sa sagesse, nous a fait parvenir des récits inspirants qui sont des modèles et des guides pour notre quotidien. L’histoire de Hajar et Ismail en fait partie, à tel point que leur destin est aujourd’hui encore intimement lié au notre.

Le contexte

Le Prophète Ibrahim (paix sur lui) et son épouse Sarah rencontrent des difficultés à avoir des enfants. Par amour pour lui et ne souhaitant pas qu’il n’ait pas de descendance, Sarah suggère à Ibrahim (paix sur lui) d’épouser sa servante Hajar (Agar). De cette union, naîtra le Prophète Ismaïl (Ismaël) (paix sur lui).  

Gloire et pureté à Dieu L’Omniscient, seul Lui sait ce qui est le mieux pour chacun : Ibrahim (paix sur lui) reçoit l’ordre divin de se séparer de Hajar et de leur fils Ismaïl.

Fidèle serviteur obéissant, Ibrahim (paix sur lui) les emmène en voyage à Bakkah (l’actuelle Mekkah, la Mecque). A cette époque-là, la ville sainte n’existait pas encore. Le lieu est un désert, sans habitants, sans eau, sans nourriture. Arrivés à destination, Ibrahim (paix sur lui) laissa Hajar et Ismaïl avec seulement quelques vivres dans cet endroit aride.

Pourtant, ce même endroit allait bientôt devenir le lieu le plus sacré de la terre, où des millions de cœurs se retrouvent chaque année pour adorer notre Créateur.

La confiance en Dieu de Hajar

En voyant Ibrahim (paix sur lui) partir sans se retourner, Hajar l’interpella : « est-ce Dieu qui t’a donné l’ordre de te comporter ainsi ? ». Il répondit par l’affirmative. Et Hajar conclut « si c’est ainsi, Dieu ne nous abandonnera pas ».

Il est très difficile d’imaginer la patience dont ils ont fait preuve tous les deux : d’un côté Ibrahim (paix sur lui) laissant son épouse et son propre fils en bas-âge dans un endroit désertique, où rien que la chaleur et la soif pourraient mettre fin à leurs vies, et de l’autre côté, Hajar se résiliant à accepter son destin incertain en plaçant sa totale confiance en Dieu.

Ibrahim (paix sur lui) a dû l’abandonner par ordre divin, mais Hajar est intiment convaincue que Dieu ne l’abandonnerait jamais.  Comme nous le rappelle le Coran : « Et quiconque place sa confiance en Dieu, Il [Dieu] lui suffit. »(1).

De son côté Ibrahim (paix sur lui), après s’être éloigné de sa famille, invoque Le Tout Puissant : « Ô notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de Ta Maison sacrée [la Kaaba], – ô notre Seigneur – afin qu’ils accomplissent la Salat. Fais donc que se penchent vers eux les cœurs d’une partie des gens. Et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants ? »(3).

La force et le courage d’une grande femme

Quand les vivres commençaient à manquer, sous les pleurs de son fils Ismaïl (paix sur lui), Hajar fait preuve d’un immense courage et se mit en action pour chercher de l’eau ou de l’aide, accompagnée de sa seule confiance en Dieu.

Elle se dirigea vers la montagne la plus proche : As Safa. Ne voyant ni eau ni personne, elle redescendit dans la vallée, en courant, jusqu’à une autre montagne : Al Marwa.

La force et le courage de Hajar vont lui permettre de faire des va-et-vient entre ces deux montagnes jusqu’à sept reprises, sans que l’espoir ne la quitte un seul instant.

Imaginons la détresse et la peur qui auraient pu la traverser face aux pleurs de son bébé assoiffé. Imaginons l’angoisse de voir mourir son enfant de soif et de faim sous ses propres yeux sans avoir la capacité de lui donner quoique ce soit. Une épreuve insoutenable pour n’importe quel être humain…

De mère en détresse à gardienne d’une source de vie

Au bout de la septième course, alors qu’elle se tenait sur le mont Marwa, Hajar entendit un bruit, une voix à laquelle elle dit : “Tu m’as fait entendre ta voix, as-tu quelque chose pour m’aider ?” 

L’ange Jibril apparut alors et tapa le sol de son aile, puis de l’eau jaillit. Hajar courut à cet endroit et se précipita pour placer de la terre autour de l’eau de sorte à en faire un puits craignant que l’eau ne s’épuise en s’écoulant.

L’ange Jibril la rassura : « Ne craignez pas de périr. Ici se trouve Bayt Allah (la Maison de Dieu) que ce garçon et son père bâtiront ». (4)

Gloire à Dieu ! Ce même puits continue de fournir de l’eau à des millions de pèlerins chaque année, une eau miraculeuse et bénie, renfermant des bienfaits dont seul Dieu a les secrets.

La confiance totale et aveugle de Hajar en notre Seigneur est exemplaire. Cette confiance a été un moteur pour elle qui a fourni des efforts jusqu’à ce que Dieu lui accorde une issue.

Un récit riche en enseignements

L’histoire de Hajar et de Ismaïl (paix sur lui) est riche en enseignements. Chacun selon son expérience de vie trouvera un écho à ce récit. L’un des enseignements qu’il est évident de mettre en lumière est l’importance de placer sa confiance en Dieu tout en fournissant des efforts.

En effet il convient de rappeler que nos invocations doivent être accompagnées d’actions. A l’image de Hajar qui ne s’est pas contentée de sa confiance en Dieu en restant assise sans œuvrer. Au contraire, elle a persévéré dans ses actes, sans lassitude et Dieu l’a honorée de Sa réponse. Nous pouvons tous nous identifier à cette femme exceptionnelle, et retrouver en elle un modèle à suivre.

Même le Prophète (paix et salut sur lui) a évoqué sa patience, lorsqu’il dit : « Que Dieu soit Clément envers la mère d’Ismâ’îl. Si elle avait laissé couler l’eau de Zam-Zam, Zam-Zam aurait été un ruisseau abondant. Elle but de l’eau, puis elle allaita son enfant. L’ange lui dit : « N’aies pas peur de la perdition. Ici, il y a la Maison de Dieu que ton enfant et son père construiront. Certes, Dieu ne néglige point Ses fidèles » (5).

Et nous dans tout ça ?

Comment ne pas faire le parallèle avec ces mères et pères qui sont contraints de quitter leur demeure, à cause de la guerre, de la famine ou des conséquences du dérèglement climatique. Des réfugiés qui partent à l’inconnu avec la seule détermination de rester forts pour leur progéniture. Que Dieu leur vienne en aide comme Il a aidé notre mère spirituelle.

La course de Hajar entre as-Safa et Marwa est aujourd’hui reproduite par des millions de personnes pendant la Omra ou le Hajj. Une course qui nous lie à elle et nous rappelle que Dieu est Omnipotent et Omniscient. Une course qui nous invite à nous interroger sur la véritable confiance en Dieu.

L’eau de ZamZam continue à être bue par un nombre incalculable d’individus. On dit que l’eau c’est la vie, une fois encore ceci illustre le lien fort qui nous lie à cette femme pieuse, mais aussi au lien qui nous lie tous entre nous.

Soyons des opportunités les uns pour les autres. Dieu seul sait laquelle de nos actions, lequel de nos sourires, lequel de nos dons, peut sauver une vie, voire des millions de vies…

Et Dieu est le plus Savant.

(1)    Coran : 2 : 214

(2)    Coran : 65 : 3

(3)    Coran : 14 : 37

(4)    Rapporté par Boukhari

(5)    Rapporté par Boukhari

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