Dans le coeur des pèlerins : « Musulmans venus des quatre coins du monde »

Un voyage, un pèlerinage, voici le deuxième entretien de la chronique « dans le cœur des pèlerins »… Aujourd’hui, nous vous invitons à suivre Rkia ! Mariée et mère de deux enfants, Rkia a réalisé ce voyage, il y a maintenant 14 ans, elle nous emmène au cœur de ses souvenirs, au cœur de ce voyage que l’on n’oublie jamais…

Que la paix de Dieu soit sur vous Rkia. Tout d’abord merci d’avoir répondu favorablement à notre demande d’interview au cœur de vos souvenirs.

Wa alaykoum salam. Merci à vous de m’avoir permis de me replonger dans mes souvenirs, ce qui a pour mérite de goûter à nouveau à la sérénité qu’ils engendrent.

Vous avez effectué ce voyage, il y a 14 ans maintenant. Vos souvenirs sont-ils toujours aussi précis ?

Il suffit d’y repenser pour que ces derniers remontent à la surface. Etant restée 1 mois et 10 jours sur place, j’ai pu vivre grâce à Dieu un certain nombre d’événements très enrichissants. En fait, il suffit de penser à un évènement en particulier et les autres arrivent avec plus ou moins de détails.

Quel est le plus grand moment que vous avez vécu durant ce Pèlerinage à la Mecque ? 

 A vrai dire, il y en a plusieurs… Je pensais que le moment le plus intense serait celui où je poserai les yeux sur la Ka’ba pour la première fois mais au final, même si c’est un moment très particulier, j’ai été surprise car je m’attendais à ce qu’elle soit plus grande et nous sommes tellement habitués à la voir sur les écrans que cela est forcément moins impressionnant que lorsque mes parents ont pu la voir dans les années 80.

L’un des moments que je garde en tête et qui malgré la difficulté a été l’un des plus riches pour moi, c’est lorsqu’avec mon mari nous nous sommes dirigés le 10ème jour depuis Muzdalifa à la Mosquée sacrée pour effectuer les rites du 10ème jour. Nous avons préféré y aller à pied ensemble malgré le nombre de kilomètres effectués ce jour-là (il faut dire que l’on s’est aussi un peu perdus par moment), nous sommes rentrés le soir à Mina épuisés mais dans un état de foi qui m’apaise chaque fois que j’y repense.

Comme beaucoup je m’étais dit que ce serait bien de pouvoir toucher la Ka’ba, mon mari pour m’éviter des désagréments a toujours fait en sorte que nous ne soyons pas dans des situations dangereuses et de ce fait m’a plutôt dissuadée de le faire. Un jour, toutefois alors que nous étions en train de faire le tawaf en bas avec un nombre moins important de pèlerins, nous étions si proches que je me suis dit « c’est le moment ou jamais » et je m’en suis alors rapprochée. Mais au moment où je me trouvais alors à quelques pas de mon but, le service de nettoyage a tiré un grand élastique pour délimiter une zone de nettoyage et j’ai été d’un coup, éloignée de la Ka’ba…je n’ai plus retenté après cela d’essayer de la toucher !

Vous avez effectué ce voyage avec votre époux ? Il était important pour vous de le vivre ensemble ? Pourquoi ?

Lorsque mon mari m’a proposé d’effectuer le pèlerinage, c’était juste quelques mois avant le départ et j’allaitais notre fille alors âgée de 9 mois. Je n’ai pas hésité à accepter cette belle proposition car pour moi dès que l’occasion se présente c’est un cadeau de Dieu que nous devons accepter, on ne sait pas si cette occasion se représentera. J’ai donc sevré ma fille qui a été gardée par ma mère et ma sœur.

Nous avons alors pu vivre ce voyage l’esprit tranquille. Mon mari avait déjà effectué seul un pèlerinage, du coup il a été pour moi un guide dans tous les sens du terme. Le mot protection prend alors tout son sens dans ce type de voyage car au milieu d’une foule immense, je me suis sentie en sécurité à ses côtés. Il faut dire que nous étions toujours ensemble et avons donc tout fait ensemble. Cela a été primordial je pense pour notre vie de couple qui a suivi car c’est dans le voyage que l’on découvre l’autre surtout que nous n’étions alors mariés que depuis 3 ans.

Je garde en souvenirs de très beaux moments passés à se réveiller en pleine nuits pour faire des tawafs, à prier ensemble avec la ka’ba en face de nous, à invoquer Dieu sur la plaine de Arafat. C’est là également que je me suis dit qu’il fallait y revenir plus tard avec nos enfants, ce que nous avons fait avec nos deux filles il y a 5 ans en Omra. C’est un autre sujet, mais effectuer une visite pieuse à Médine et à la Mecque en famille n’a pas d’équivalent.

Qu’est-ce que ce voyage a apporté à chacun d’entre vous ? Qu’a-t-il apporté à votre couple ?

Personnellement cela faisait partie depuis longtemps de mes projets. Ayant vu mes parents réaliser ce voyage, c’était l’un de mes objectifs dès que l’occasion se présenterait. Le sentiment d’avoir obéi à un ordre divin m’apporte toujours une sérénité et l’envie de continuer d’avancer, de cheminer. Je ne pourrais pas lister les apports de ce voyage car certains sont immédiats tandis qu’on peut prendre conscience d’autres bienfaits que des années après.

Concernant notre couple, je pense que cela a apporté plus de complicité entre nous et de confiance réciproque et l’envie d’effectuer d’autres voyages dans le but de renforcer notre foi par la découverte d’autres contrées.

Avant de partir comment vous sentiez-vous ?

Je suis une personne qui aime tout particulièrement voyager ! Chaque voyage suscite en moi la curiosité, l’envie de découvrir, d’apprendre et de revenir enrichie de ce voyage. J’avais donc juste hâte d’y être.

Quels étaient vos plus grands espoirs, vos plus grands désirs en effectuant ce 5ème pilier de notre foi ? 

Je n’avais pas d’espoir particulier à vrai dire, je voulais tout d’abord répondre à un ordre divin tout comme je réponds à l’appel à la prière, espérant que cela renforce ma foi. Ensuite, la perspective de me retrouver au milieu de personnes venues des quatre coins du monde me permettrait de me rendre compte de la toute-puissance de Dieu : comment le message reçu par notre prophète a été transmis à l’humanité.

Aviez-vous des craintes, des peurs ou angoisses avant ou durant le voyage ?

Pas spécialement. Habituellement, je ne supporte pas la foule et évite en général les lieux où il y a beaucoup de monde. Grâce à Dieu je n’ai pas du tout été gênée par la foule durant le hajj et pourtant parfois elle pouvait être très oppressante. La présence de mon mari à mes côtés, me protégeant quand cela était nécessaire et choisissant les moments les plus opportuns pour effectuer certains rites (la lapidation des stèles par exemple) y a été également pour beaucoup. De plus, sachant ma fille entre de bonnes mains, j’ai pu vivre ce pèlerinage en toute sérénité.

Il y a 14 ans, ce voyage était moins onéreux mais quel a été votre plan financier pour pouvoir payer le billet et toutes les dépenses liées à ce voyage ?

En effet à l’époque nous avions pris l’un des forfaits les plus chers pour être dans un hôtel proche des mosquées à Médine et à la Mecque : si mes souvenirs sont bons, le prix était d’environ 2 500€/ personne. Grâce à Dieu, nous travaillions tous les deux et avions cette somme disponible.

Pour ce qui est des dépenses sur place, nous ne sommes pas de grands consommateurs et nous ne souhaitions pas tomber dans le piège de passer ce temps si précieux dans des commerces au lieu d’être en prière, en tawaf, en invocations, en lecture du coran ou en repos. Nous sommes revenus avec de l’eau de zamzan, des dattes et de nombreuses invocations pour nos proches, l’ensemble de nos frères et sœurs de foi et en humanité plutôt que des valises pleines de mille babioles made in China.

Lorsque nous voyageons, nous ne savons pas toujours quelles tenues emporter avec nous ! D’après vous quelle est la valise idéale du pèlerin ? Qu’est-ce qui est le plus important à emporter avec soi ?

 Je conseille personnellement de partir léger avec pour les femmes des tenues type indienne : pantalon large fluide et longue tunique avec des tennis. Un petit sac à dos également est très utile dans lequel nous pouvons mettre des chaussures, son Coran, un paquet de mouchoirs, une petite bouteille d’eau à remplir au fur et à mesure d’eau de zamzam…Les boules quiès sont également utiles quand nous voulons nous reposer dans le brouhaha de ces grandes villes que sont la Mecque et Médine. Un sac de couchage léger pour les jours passés à Mina si l’agence n’en fournit pas.

 Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui s’apprêtent à faire ce voyage ?

Il est important de bien connaitre les différents rites à effectuer. Je pense que tout comme nous apprenons à prier depuis l’enfance, il est important d’apprendre à faire le hajj. Il existe de bons livres à ce sujet et des cours sont dispensés par les mosquées et les associations musulmanes. Même si l’on est dans un groupe, avec un guide, il est préférable de savoir ce que l’on a à faire avant pour être sereins le jour J. Il faut ensuite penser aux petits trucs pratiques que chaque personne qui a fait le pèlerinage pourra conseiller, et faire le tri par rapport à ses besoins. Si Dieu nous invite à effectuer le hajj, il ne faut pas hésiter. En plus de répondre à une obligation, si les conditions sont réunies, c’est une étape importante pour le cheminement spirituel dès lors qu’il est fait avec l’intention d’en revenir enrichi en foi. Et bien-sûr, il faut y aller bien entouré. Le meilleur compagnon de route reste notre époux pour celles qui sont mariées et qui peuvent s’y rendre avec lui. Il est important de préparer ensemble un programme spirituel comprenant de la lecture de coran, du dikr, des tawafs, pour s’encourager à profiter de chaque minute passée en ce lieu saint.

Pour nous les femmes, il faut se renseigner également sur nos particularités. En général se pose la question des menstrues. J’avais donc demandé conseil à ce sujet avant de partir, et lu notamment le livre de Yacoub Roty « les rites du pèlerinage ». Il est permis par exemple de prendre des pilules pour le pèlerinage afin de s’assurer de pouvoir accomplir tous les rites à condition que ceci ne provoque pas de préjudice à notre santé.

Mais même avec ce moyen cela ne fonctionne pas toujours, ou pour celles qui ne souhaitent pas y recourir, il faut donc bien se renseigner avant le départ pour savoir ce qu’il nous est permis de faire ou pas en période de menstrues.

Merci Rkia d’avoir répondu à nos questions. Merci pour ces conseils qui, nous en sommes sûrs, seront utiles à beaucoup de lecteurs Que Dieu vous en récompense !

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