Raconte-moi PSM : des stations spirituelles pour cheminer côte à côte

Nous sommes vendredi. Je m’attelle à finir rapidement mes tâches ménagères mais également quelques paperasses et courses… et je sais que les sœurs avec qui je chemine font de même… toutes impatientes et heureuses de vivre ce week-end que l’on sent déjà particulier…

Il règne dans l’air comme une senteur de fête. Si l’automne est là, le printemps rayonne dans nos cœurs. S’il fait froid dehors, la chaleur et la joie nous habitent. Comment est-ce que cela pourrait être autrement quand nous savons que ce soir, nous nous retrouverons dans deux grandes stations spirituelles que sont le ribat (1) et la nassiha (2).

Deux stations spirituelles fortes que les membres de PSM vivent plusieurs fois dans l’année.

Expliquer avec des mots ce que sont ces stations spirituelles serait compliqué. C’est un peu comme parler du goût du miel pur sans l’avoir goûté …

Mais s’il fallait essayer, nous pourrions dire que les stations spirituelles que nous vivons au sein de PSM sont des moments de pure spiritualité, de grande fraternité, de dépassement de soi, d’étouffement de l’ego, de remise en question…

Durant ces moments, le temps est suspendu, les cœurs s’abreuvent, les âmes se ressourcent …

Un moment pour soi afin de se découvrir, de se redécouvrir. Et chaque fois que nous y assistons, c’est un peu comme renaître, un peu comme retrouver la vue après l’avoir perdue, un peu comme être délivrés de nos soucis, du poids que nous portons, des difficultés que nous vivons…

C’est pourquoi, songer une minute à ne pas y assister, ne nous traverse pas l’esprit.

19h00, je m’habille et me prépare à sortir. Essayant au mieux de laisser derrière moi, maison propre, enfants heureux et bonne ambiance.

Dans la journée, une sœur m’avait appelée et nous avions ri ensemble, en nous disant que l’occasion avait tant été attendue qu’un effort vestimentaire était de mise. Après tout, nous allions à la rencontre des anges de Dieu, de Sa miséricorde infinie et de Son amour ! Alors si nous faisions des efforts pour les créatures de Dieu, n’était-il pas encore plus important d’en faire pour le Créateur ?

Arrivée sur place, plusieurs personnes étaient déjà réunies, les sourires, les rires et les bavardages allaient bon train ! Cela faisait tellement longtemps que nous n’avions pas eu l’occasion de nous retrouver pour ces moments de ressourcement.

Nous étions nombreuses mais nous étions un nombre restreint pour un rassemblement en ces temps de crise. Il était important de faire attention à notre santé et au bien-être de chacune durant cette période compliquée.

Le calme prit bientôt place… le sujet de cette rencontre était attendu par toutes : « La femme musulmane gardienne et responsable » !

Quel titre ! quel sujet !… Il n’en fallait pas plus pour que l’intervention laisse place aux débats, partages d’expériences, conseils bienveillants mais aussi à tant de remise en question, d’éclats de rire mais aussi à beaucoup de larmes versées.

Les sanglots parfois nous empêchaient de parler… femme gardienne et responsable. Nous sentions toutes cet honneur d’être des femmes et ce privilège immense que Dieu nous a octroyé ! Mais également nous nous remémorions ces difficultés rencontrées, ces épreuves vécues, ces douleurs intérieures…

Être femme musulmane gardienne et responsable était un cadeau de Dieu, un cadeau divin mais également une responsabilité lourde et un cheminement dans l’effort pour escalader les obstacles et les dépasser.

Nous aurions pu parler durant des heures, mais il était déjà temps de passer au repas, puis à la séance d’évocation de Dieu, afin d’aller nous reposer pour être en forme pour la journée du lendemain.

Les enfants étant seuls à la maison, il me fallait quitter les lieux pour dormir auprès d’eux. Non sans un gros pincement au cœur… j’aurais tant aimé rester sur place et me détacher entièrement, complètement de tout ce qui n’était pas Lui, de tout sauf de Sa présence… exalté soit Son nom.

En conduisant, une certaine tristesse m’accompagnait mais je me souvenais de ce que nous avions évoqué et mon cœur se rassurait en me disant qu’être gardienne et responsable était être exactement là où je devais être, en tant que maman, bergère de son troupeau et responsable de ses enfants. Je me souvenais que nos intentions étaient doublement récompensées et les renouvelais aussitôt.

Le lendemain, je retrouvais mes sœurs soit occupées à la lecture du saint Coran, en train d’effectuer la prière de Doha ou encore attelées à quelques tâches ménagères.

La personne qui nous accueillait était à notre service. Elle incarnait de façon forte et vivante, le hadith prophétique : « Les personnes les plus aimées de Dieu sont celles qui sont les plus utiles aux autres » (3).

Elle était aux petits soins pour nous telle une maman avec ses petits. Évidemment, notre éducation spirituelle et notre respect envers elle, nous obligeaient à l’aider, à nous relayer et à la soutenir… elle ouvrait ses portes afin que nous ouvrions nos cœurs à l’essentiel. Sans aucun doute, elle était la plus méritante de toutes.

La journée du samedi se conjuguait entre lecture des paroles de Dieu exalté soit-Il, évocations, prières surérogatoires et obligatoires à heures fixes, invocations et interventions.

Les confidences prenaient place, l’amour en Dieu se décuplait, la joie d’être réunies ensemble dans ce moment béni nous élevait au-delà de ce monde et de ses innombrables soucis. Près de Dieu avec nos sœurs, nous étions fortes, nous étions unies, nous étions heureuses…

Nos cœurs en chœur ne cessaient de Le remercier ! Nous nous sentions si privilégiées, si chanceuses d’être là dans Son souvenir et celui de Son bien-aimé prophète, paix et salut de Dieu sur lui. Vivre ces moments bénis était un don, un présent immense qu’aucune fortune sur terre ne saurait acheter.

Nous nous quittâmes après la rupture du jeûne et l’invocation de clôture en prenant les plus belles résolutions et intentions pour être des femmes musulmanes gardiennes et responsables toujours plus proches de notre Seigneur, qui sans cesse œuvrent au quotidien pour rayonner dans nos familles, dans notre entourage et dans notre société afin de préparer au mieux notre passage vers la vie dernière…

(1)   Dans la pensée de PSM (Participation et Spiritualité Musulmanes), le Ribat rappelle le Hadith du Prophète (BDSL) qui dit « Voulez- vous que je vous indique ce qui absout les péchés et élève en degrés ? » Oui ! « C’est répondit-il, faire ses ablutions avec soin, même dans les conditions difficiles (fatigue …), se rendre fréquemment à la mosquée et attendre la prière (Salat) à venir après celle déjà accomplie. Tel est le ribat, tel est le ribat » (Mouslim). Rester en adoration, en état d’ablution et de prière pendant quelques jours afin de se retrouver aux portes de Dieu. Quelques jours pour Dieu dans un quotidien chargé, afin de se souvenir de notre but ici sur terre. Le Ribat est un moyen d’éduquer son égo avec ses frères et sœurs. Un moyen de revenir à l’essentiel en prenant conscience de tous nos défauts, tous nos manquements, toutes nos faiblesses.

(2)   Dans PSM, l’essence de l’assise de nassiha se base sur le Hadith du Prophète (BDSL) qui dit : « La religion, c’est le bon conseil « an-nassiha » Nous dîmes : « Envers qui ? » Il dit : « Envers Dieu, Son Livre, Son Messager, les dirigeants des musulmans et l’ensemble de la communauté musulmane » » (rapporté par Mouslim). Nassiha (le conseil) n’est pas un souci individuel, mais collectif : On s’abreuve, on se nourrit au sein cette assise pour en sortir plus fort, pour participer, agir… C’est s’approvisionner pour mieux donner.

(3)   Hadith rapporté par Tabarani

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