Moi, Cosette, je fus misérable.

Je suis Cosette, du célèbre roman de Victor Hugo « Les misérables ». Les Thénardier, père, mère et enfants, me méprisent et me collent à la tâche infecte de subvenir à leurs besoins et nettoyer leurs saletés. Celles-ci, finissent sur mes bras et jambes. Elles les noircissent comme elles noircissent mon cœur.

 

Souvent je les vois, en toute complicité, confectionner des recettes pour varier et raffiner les saveurs de mon humiliation avant de la déguster.

Mais malgré tout, je les aime ! Et espère un jour qu’ils changent d’attitude à mon égard.

Pourquoi pas ? Après tout, je suis de bonne foi, et je fais preuve d’une bonne loyauté envers ces hôtes que je connais et fréquente depuis toute petite.

Les généreux donateurs, me voyant ci-triste et démunie, me donnent des sous. Des fois, même, beaucoup de sous, lorsqu’ils connaissent mal les Thénardier. Leur attitude insidieuse, pensent-ils peut-être, a pour cause la misère qu’ils endurent.

D’autres, savent que tout ce qu’ils me donneront passera dans les mains des mes raquetteurs sans que je puisse nullement en profiter. Du coup, ils me donnent juste des petites choses que je peux cacher dans la pochette de ma robe, ou sinon, des choses sans valeur qui ne puissent les tenter. Ces donateurs savent que, faible comme je suis, et malgré ma bonne foi, je ne puis être qu’un appât misérable qui rapporte aux méchants Thénardier, disent-ils, de quoi se nourrir.

Un jour, Jean Valjean, sorti du bagne miséreux par la force de ses bras puis élu maire, plutôt renforcé et attendri, voulu me racheter. La somme insoupçonnable qu’il versa à mes ravisseurs les assomma pendant quelques moments le temps de prendre la route.

J’embrasse la liberté ! Mais elle m’est toujours inconnue. Moi, misérable que je fus, je sais que cette main qui m’est tendue, me ramène vers mon salut. J’y tiens de toutes mes forces.

Sitôt, derrière moi, une chasse à l’homme est lancée. Les Thénardier, ayant repris leurs esprits, se rendent compte de leur erreur et décident de s’emparer de mon sort à nouveau. Pour eux, m’humilier vaut plus que tous les dons.

La poursuite continue toujours. Mais dans mes nouveaux habits et ma nouvelle posture parmi les gens dignes et bons, ils n’osent pas m’approcher. Ils guettent, séduisent et tentent toujours de m’émouvoir.

Aujourd’hui, les dons précieux que je reçois de mon Seigneur Dieu : volonté, inspirations, force, lumière, ne sont pas mis au service de mon égo (Madame Th.), de mon démon (Monsieur Th.) ou de mes passions (Les petits Th.). Elles profitent à mon âme, Cosette, qui s’enrichit, rend grâce et louange au Donateur, Exalté soit Son Nom, et remercie la main qu’Il a élue (Jean Valjean) pour la tirer de la Misère et des Misérables.

« Parmi eux des miséreux et des heureux. »[1]

 


[1] Coran, sourate Houd, verset 105.

 

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