Le Prophète Ayoub : Quel bon serviteur !

Dieu, Exalté soit-Il, choisit parmi les êtres humains des hommes qu’Il éleva et plaça au rang de la prophétie, faisant d’eux des êtres rapprochés et aimés. Ces Prophètes, que la paix soit sur eux, porteront leur vie durant au plus profond d’eux-mêmes l’amour et le désir de Dieu en incarnant Sa Parole et en la propageant autour d’eux.

Dans le saint Coran, Dieu, exalté soit-Il, nous demande de nous rappeler de leurs récits afin de nous lier d’amour avec eux mais aussi de prendre conscience des épreuves qu’ils ont traversées, nous invitant par là même à nous inspirer de leurs nobles qualités et de leurs hautes vertus.

 Dieu encourage Son dernier Messager, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, et lui demande de se maintenir sur la voie droite et de faire preuve d’endurance.

Pour cela, Il lui rappellera le récit des Prophètes qui l’ont précédé et parmi eux, sera mentionné celui que Dieu Lui-Même qualifie d’adorateur bon « Et rappelle-toi notre serviteur Ayoub… Quel bon serviteur ! »(1).

D’après Sa’d Ibn Abi Waqqas que Dieu l’agrée : « J’ai dit : Ô Messager de Dieu ! Qui sont les gens qui sont le plus éprouvés ? Le Prophète, paix et bénédictions sur lui, a dit : « Ce sont les prophètes et ensuite du plus pieux vers le moins pieux. » (2)

Le Prophète Ayoub, paix sur lui, était un homme qui vivait confortablement, possédant des terres agricoles et des personnes à son service ainsi que de nombreux enfants.

Il sera toutefois durement éprouvé en perdant tous ses biens et toute sa progéniture. De plus, la maladie ne l’épargnera pas, ce qui poussera son entourage à l’abandonner peu à peu ; seule son épouse demeurera patiente à ses côtés. Il est rapporté que cette épreuve durera 18 années durant lesquelles le Prophète Ayoub, paix sur lui, et sa femme endureront la pauvreté, la maladie et la solitude dans l’attente et l’espoir de la délivrance divine.

Dans l’intimité de la rencontre

C’est ainsi que dans la sourate Les Prophètes, Dieu nous fait pénétrer dans une intimité sacrée, celle du serviteur qui s’adresse secrètement à Son Seigneur et qui lance un appel du cœur formulé dans la plus grande délicatesse malgré les conditions éprouvantes qu’il endure « Et Ayoub, quand il implora son Seigneur : « Le mal m’a touché et Toi, Tu es le plus Miséricordieux des miséricordieux !» (3)

Cette supplication du Prophète Ayoub, paix sur lui, est saisissante de beauté et ne peut qu’appeler à la réflexion et à la méditation : elle dévoile un « Moi » endolori par l’épreuve qui se réfugie dans un « Tu » qui détient la pleine miséricorde.  En effet, ces paroles qui proclament également une attitude de soumission totale, nous révèlent comment deux vérités essentielles se rencontrent.

La première fait état de la situation du Prophète qui décrit dans la plus grande pudeur et dans une humilité profonde « le mal qui le touche ». Il ne détaille pas ici la nature de ce mal, il n’énumère nullement ses souffrances et ne déploie pas de nombreux qualificatifs pour nommer la douleur qui est la sienne. Il sait que Dieu sait. Il fait contenir tout le poids de son épreuve dans un seul mot « le mal » qui l’aurait « touché ». Ce verbe « touché » à son tour employé dans les circonstances du Prophète Ayoub ne peut qu’attirer notre attention. Il ne parle pas d’un mal qui l’aurait anéanti ou qui l’aurait terrassé mais il rend compte de ce mal qui l’a « touché » en des termes presque pudiques pour adresser sa plainte ou sa confidence à Dieu.

Cette première formule « le mal m’a touché » révèle la faiblesse et la douleur extrême du Prophète de Dieu et alors même que nous nous apprêterions à l’entendre demander à Dieu de le soulager de ce mal, voici qu’il assoit aux côtés de sa réalité indéniable, une vérité éclatante.

« Et Tu es Le Plus Miséricordieux des miséricordieux »

Le Prophète Ayoub, paix sur lui, alors qu’il est à un niveau élevé de la souffrance, dans cette seconde affirmation, va reconnaître Dieu dans Sa qualité du Miséricordieux qu’il emploie d’ailleurs au superlatif « Tu es Le Plus Miséricordieux des Miséricordieux ».

Arrêtons-nous sur le choix de l’attribut par lequel le Prophète Ayoub, paix sur lui, implore Dieu ; il ne L’appelle pas par Celui qui guérit, Celui qui octroie la subsistance ou Celui qui détient la Toute Puissance « …Tu es Le Plus Miséricordieux des miséricordieux » implore-t-il.

Évoquer la miséricorde divine nécessiterait de longs développements tant cet attribut renferme de nombreux secrets. C’est par cette qualité que Dieu nous demande de nous adresser à Lui chaque fois que nous nous tenons debout en prière « Au Nom de Dieu, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux Louange à Dieu, le Maître de l’Univers Le Tout Miséricordieux Le Très Miséricordieux » (4) et c’est en cette qualité qu’Il a envoyé Son dernier Messager, le Prophète Mohamed, paix et bénédictions de Dieu sur lui, aux univers « (Ô Mohamed) Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour l’Univers » (5).

C’est donc cette qualité divine qui couvrira la souffrance du Prophète Ayoub, paix sur lui, dans sa totalité « Et Ma miséricorde embrasse toute chose » (6). Il demande donc implicitement que Dieu le prenne dans Sa miséricorde et dans sa délicate formulation, il fait se rencontrer la faiblesse et le dénuement de l’humain avec la miséricorde infinie et sans égale de Dieu.

Deux aveux, deux attestations qui placent le Prophète Ayoub au rang de celui qui reconnaît, humblement, sa condition d’être humain et qui y adjoint dans le même temps la grandeur de la miséricorde divine. La faiblesse humaine et sa fragilité, lorsqu’elles sont reconnues, contribuent à l’élévation spirituelle et paradoxalement deviennent une force qui laisse s’exprimer les qualités divines. Que serait donc la vie de l’individu qui nierait son besoin de Dieu ? Quelle serait l’issue de celui ou celle qui se contenterait de décrire un mal sans accompagner son constat de l’évidence du remède « Et Tu es Le plus Miséricordieux des miséricordieux ».

C’est donc cette double reconnaissance qui établit et renforce la relation entre le serviteur et son Créateur et c’est par cette reconnaissance que Dieu, sans aucun délai, répondra à Son prophète « Nous l’avons exaucé ; Nous l’avons délivré du mal dont il souffrait et Nous lui avons rendu sa famille doublement accrue, par un effet de notre grâce, à titre d’exemple pour Nos serviteurs » (7).

Cette attente dans la certitude de la miséricorde divine et cette belle opinion de Dieu fera mériter au Prophète Ayoub bien plus que le soulagement et la délivrance du mal qui l’a frappé, puisque Dieu lui reconnaîtra trois nobles qualités  « …Et Nous trouvâmes en lui un homme plein de patience  dans l’épreuve et un excellent serviteur toujours enclin au repentir » (8) L’endurance, l’adoration dans l’excellence et le repentir sincère et continu sont donc les vertus par lesquelles le Prophète Ayoub fut doté et put surmonter son épreuve et par lesquelles il gagna la proximité de Dieu.

« Le mal m’a touché et Tu es Le Plus Miséricordieux des miséricordieux » ou quand la vulnérabilité de l’homme ne trouve de sens, de force et d’issue que dans la Miséricorde divine.

(1) Sad, 41, 44

(2) Rapporté par Tirmidhi

(3) Les Prophètes, 83

(4) L’Ouverture, 1,2,3

(5) Les Prophètes, 107

(6) Les Murailles

(7) Les Prophètes, 84

(8) Sad, 45

4 commentaires

  1. Merci pour cette analyse très enrichissante.
    L’histoire du prophète Ayoub que la paix soit sur lui, nous offre une belle leçon concernant la patience et l’humilité. Que Dieu nous accorde Sa Miséricorde à toutes épreuves. Amin.

  2. Magnifique!!!
    Quelle belle retranscription de l’histoire. Chaque mot utilisé donne un sens poignant au récit.
    Hâte d’en lire d’autres ❤️
    MERCI

  3. Mais franchement tout ce mal à supporter pendant 18 ans? Le prophète Ayoub avait une foi indéfectible inébranlable que moi même je ne suis pas sûre de pouvoir tenir même le quart des 18 ans qu’il vivait ce mal et je m’interroge du pourquoi plus vous êtes pieux plus votre épreuve est difficile et le moins pieux se moque de votre piété voire à douter du Dieu que vous adorez, notre créateur n’aime t’il pas que l’on soit heureux et épanoui sur cette terre voilà la question qui me trotine l’esprit à la fin de la lecture de ce récit

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