Dans le cœur des pèlerins : « La patience commence quand tu ne peux plus patienter »

Un voyage, un témoignage … voici le récit de Sabah, mariée et mère de trois enfants, qui nous raconte comment il y a quelques années, elle s’envolait vers les terres saintes.

Pour ma part, ce sera un témoignage, mais je commencerai par partager une parole qui m’a accompagnée tout au long des préparatifs et du voyage, celle de Sidna Ali que Dieu l’agrée : « La patience commence quand tu ne peux plus patienter »

Le pèlerinage, on y pense mais on ne fait pas vraiment les causes et puis on se dit ” quand les enfants seront grands”, ” quand j’aurai passé cette étape puis cette autre étape etc. » On a besoin d’avoir l’esprit tranquille pour accomplir ce voyage, on se dit que ce sera l’unique fois donc autant faire les choses bien… même si on espère y retourner indéfiniment.

Bref, pour ma part, tout s’est passé très vite.

Mon époux qui a déjà été accompagnateur en Omra, peu avant Ramadan 2012, a été contacté par un ami. Celui-ci ne pouvant pas accompagner cette année a proposé à mon mari de le remplacer cette fois pour le Hajj.  Nous étions contents de cette nouvelle et il a bien évidemment accepté. De mon côté, je faisais secrètement le vœu de pouvoir l’accompagner, j’ai invoqué Dieu durant Ramadan et Il m’a exaucée…

Louange à Dieu, une fois les formalités administratives et le paiement réglés, il s’agissait d’organiser la garde des enfants, l’école etc. Ayant cette chance d’avoir ma famille à proximité, je ne me suis pas fait trop de soucis. J’ai mis tous les documents les concernant (horaires école, activités extra scolaires, santé, évènements, sorties) dans un porte-vue au cas où. Malgré tous les préparatifs, je n’y croyais toujours pas. Je disais à mon mari “tant que je ne suis pas sur place j’évite de m’emballer”…

Il y a 6 ans, mais je m’en souviens comme si c’était hier : le jour du voyage nous avions failli rater le train pour Genève, lieu du vol, à peine nous sommes montés le train a démarré.

Ce qui m’a beaucoup marquée lors de notre escale à Istanbul : des pèlerins venant des quatre coins de l’Europe, tous vêtus de deux étoffes blanches- une autre dimension- en partance pour la Mecque. En ce qui nous concerne nous allions d’abord à Médine.

Arrivés à Médine ce fut le choc, les battements de cœur s’accélèrent. Du bus nous pouvions voir la coupole verte sous laquelle repose la meilleure créature que la Terre ait portée ; nous ne pouvions retenir nos larmes. Notre guide chantait les louanges de notre Prophète paix et bénédiction sur lui et nous le suivions. Je revis à l’instant ce moment en écrivant ces lignes…

Notre séjour à Médine fut spirituellement très intense : pouvoir prier à proximité de notre Prophète est un bonheur inestimable… Ce lieu est empreint d’une sérénité indescriptible… Passés les 8 jours, nous prenions le départ pour La Mecque et nous nous préparions pour la Omra.

Deuxième choc : La vision de la Kaaba, elle est à la fois simple et majestueuse, chargée d’histoire, témoin des évènements vécus durant des siècles. Une fois encore les larmes ne cessaient de couler, notre guide nous disait d’invoquer inlassablement et d’évoquer continuellement Dieu sans la quitter du regard.

Logistiquement, nous nous sommes disposées de sorte à ce que nous, les femmes, soyons protégées par nos mahrams, un père, un frère, un mari… (Et les femmes seules au milieu du cercle que nous formions pour avancer d’un seul bloc) car il est très facile de se retrouver dans une situation inconfortable au milieu de cette foule et quelques fois face à des personnes mal intentionnées. C’est le seul point sur lequel je conseillerai mes sœurs : ne vous aventurez pas seule au milieu des hommes même si c’est pour toucher la Kaaba : ce n’est pas une obligation en soi…

Nous étions partis pour un mois mais il m’a semblé que les journées ont défilé à toute vitesse. En amont, je m’étais constitué un carnet (toujours dans mon sac à dos avec une bouteille de zamzam, des dattes, le coran et un tasbih) pour ne rien oublier avec mes invocations, un programme spirituel surtout sous les tentes à Mina, la tentation est grande de passer sa journée à dormir ou à discuter… donc de perdre son temps si précieux.

C’est à ce moment à Mina que nous avions appris le tragique accident d’une famille proche en France dont une jeune fille est décédée, et le papa lourdement handicapé. Les séquelles sont encore là mais je souhaite rendre hommage à cette famille dont j’admire la patience et la persévérance face à cet évènement douloureux. Je me souviens avoir annoncé la triste nouvelle à mes « co-locataires » qui n’ont pas cessé d’invoquer Dieu pour elle….

Six ans après le retour, le besoin se fait sentir d’y retourner en Omra, que Dieu nous permette de visiter les Terres Saintes quand Il le Souhaitera.

Dieu accepte de chacun.e de nous

Bon voyage et pensez à nous dans vos invocations !

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